samedi 10 août 2013

Les Salauds - Claire Denis



Réalisé par Claire Denis
Ecrit par Claire Denis et Jean-Pol Fargeau
Festival de Cannes 2013 - Un Certain Regard
Avec : Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Lola Creton...
1h40
Sortie : 7 août 2013
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Sale eau = Naufrage


Il n'est pas étonnant d'entendre de la bouche même de Claire Denis que la genèse de son dernier film a été la plus rapide de toute sa carrière. C'est Vincent Lindon et Vincent Maraval qui l'ont incité à boucler ce scénario prometteur sans plus attendre. Les Salauds est un film venu de nulle part, ne ressemblant pas à du cinéma français, ni à un film noir comme il prétend s'y rattacher. Car si film noir il y a, Claire Denis l'a radicalement muté en quelque chose de plus punk, plus violent (érotisme sanglant) mais aussi plus ridicule. 

Marco Silvestri (Vincent Lindon) doit venger sa soeur Sandra (Julie Bataille) de malfrats ayant violé sa fille (Lola Creton). Claire Denis part d'une intrigue basique pour finalement aller vers un film d'atmosphère sale et dérangeant, comme pouvait l'être le récent Only God Forgives. Mais Claire Denis n'est pas Nicolas Winding Refn, et sa stylisation gothique ne produit aucune étincelle. Bien au contraire, elle ennuie et décroche son spectateur (peut être est-ce le but?) en lui proposant la représentation d'une violence gratuite, inimaginable. Qu'il est difficile de croire à une telle histoire... La crédibilité des Salauds est quasi nulle, et les acteurs sombrent chacun leur tour dans les pires scènes de leur carrière. Chiara Mastroianni (la femme du malfrat) se laisse pénétrer par Vincent Lindon, et l'instant d'après redevient normale. Ici ça baise, ça s'insulte, ça pue. Toutes ces actions plus abracadabrantes les unes que les autres tirent le film vers le bas et finissent par devenir inutiles. Surtout au vu de la narration elle aussi très grossière, où les ellipses surgissent comme par magie, lorsque le scénario rate son embranchement. 

On se souviendra néanmoins de la mort de la fille Sandra, accident de voiture brillamment orchestré par le rock expérimental de Tindersticks. La peur envahit le spectateur qui regarde, impuissant, la bêtise qui se déroule sous ses yeux. C'est le minimum que nous pouvions attendre d'un film trashe de Claire Denis, en particulier  si nous étions initiés à Trouble Every Day (2001). Pour les adeptes de White Material (2010) Claire Denis aura été drogué à l'héro. Pardonnons tout de même une petite tâche dans la filmographie d'une des plus talentueuses réalisatrice française, qui peut on espérer, saura se relever et tirer une leçon de son erreur : Vite fait, mal fait. 

Jeremy S. 

Raphaëlle (Chiara Mastroianni)

Marco Silvestri (Vincent Lindon) et Sandra (Lola Creton)


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