dimanche 25 août 2013

Jeune & Jolie - François Ozon



Ecrit et réalisé par François Ozon
Festival de Cannes 2013 : Compétition Officielle
Avec : Marine Vacht, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot
1h34
Sortie : 21 août 2013

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Survol


Bon accueil au 67ème festival de Cannes, succès public et critique, le 14ème long métrage de François Ozon parait, aux premières apparences, avoir franchit un nouveau pas. Le réalisateur de Huit Femmes et de Sous le sable ne cache pas le principal élément de sa réussite : Marine Vacht, mannequin tout droit sorti d’une publicité pour Cartier. Étant la grande surprise du film, l'actrice n’est malheureusement que le fait pleinement marquant dans ce nouveau film plat et académique.

Le scénario laisse vite présager une histoire à la Belle de Jour de Luis Bunuel (1967) mais tire finalement vers le drame social/familial déjà vu et devenant rapidement ennuyeux. Si le cinéaste ne cache pas son admiration pour le maestro espagnol, l’histoire d’Isabelle manque surtout de conflit, de force, et plus encore de sortie des champs battus. À l’heure où le cinéma français populaire va mal et ne produit que des marchandises mal écrites et intolérablement naturalistes, c’est avant tout ce que l’on souhaite éviter. Jeune & Jolie, sans faire partie de cette seconde classe, est un film paresseux, non motivé, n’osant pas montrer frontalement son sujet, en le survolant comme si le registre fictionnel ne pourrait jamais se transformer en registre lyrique ou même documentaire. Racontée linéairement sur quatre saisons, avant, pendant, et après la prostitution d’Isabelle, Ozon prend le risque de perdre ses spectateurs avides de grandes émotions et de surprises permanentes. À l’inverse de l’excellent Sous le sable, Jeune & Jolie ne cache rien, ne mène pas sur de fausses pistes, et se contente de suivre un chemin tout tracé.

Sylvie (Géraldine Pailhas) et Isabelle (Marine Vacht)

Des lycéens lisant sagement des poèmes de Rimbaud en cours de français, à la famille sur-stéréotypée en passant par une enquête policière venant boucher plusieurs trous du récit, des éléments du scénario apparaissent comme inutiles, dans le sens où il faudrait que la jeune et jolie Isabelle soit recontextualisée dans une réalité alternative à la nôtre. La mise en scène du cinéaste ne sauve pas ces défauts agaçants : là où les fameuses scènes de sexe devraient choquer son public, Ozon ne décolle pas d’une base déjà posée dans les rares scènes où Marie faisait l’amour avec son amant dans Sous le sable (on retrouve une prise de vue très similaire). Ce dernier point étant d’autant plus étrange quand le cinéaste déclare avoir réfléchit longuement à la manière de filmer ses scènes.

Jeune & Jolie peut aussi être vu comme « film somme » de tout le cinéma de François Ozon. Que ce soit Robe d’été (court métrage du début de sa carrière) ou Sous le sable (le second rôle de Charlotte Rampling et le plan final s’y retrouvent), beaucoup d’éléments de ses films antécédents refleurissent. Cette dernière œuvre paresseuse et d’un classicisme caricatural aura cependant du mal à hanter les esprits, malgré l’interprétation sublime de Marine Vacht (futur espoir féminin aux Césars, on est prêt à parier) et son sujet alléchant tendant tristement vers un traitement plus que décevant.

Jeremy S.

Isabelle (Marine Vacht)


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