vendredi 2 août 2013

Insaisissables - Louis Leterrier


Réalisé par Louis Leterrier
Ecrit par Ed Solomon, Boaz Yakin et Edward Ricourt
Avec : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Isla Fisher...
1h56
Sortie : 31 juillet 2013

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Ocean's Five

Avec une bande annonce alléchante, Insaisissables se posait d'emblée comme le blockbuster de ce mois de juillet. Pourtant, avant même la vision du film, un gros point noir entache le film, l'homme derrière la caméra, Louis Leterrier. Fortement égratiné suite à l'échec cuisant du Choc des Titans, puis de La Colère des Titans (il n'est plus le réalisateur mais producteur exécutif, son nom reste associé à cette dilogie), son implication dans le film contrebalançait l'excitation suscité par les trailers. Après 1h56, quand est-il réellement ?

4 magiciens illusionnistes, travaillant en solitaire ayant chacun un domaine de prédilection (illusionniste, magicien de rue, spécialiste de l'évasion, mentaliste) sont réunis par un membre d'une société secrète (dont la révélation de l'identité est tout l'enjeu du film) que rêve d'intégrer tout magicien. Ils vont se produire ensemble sous le nom des 4 cavaliers grâce à l'argent d'un grand directeur de société d'assurance, Arthur Tressler (joué par l'inégalable Michael Caine). Auteur de casses faramineux, les 4 cavaliers vont se retrouver au coeur d'une enquête menée par Dylan Rhodes un agent du FBI hermétique à la magie (interprété par Mark Ruffalo) et une agent d'Interpol Alma Dray (jouée par l'envoutante Mélanie Laurent) dont la présence sur cette affaire est douteuse (un des casses ayant eu lieu dans une banque parisienne, Interpol intervient via cet agent français). Moult péripéties et retournements de situation amène à penser que, tour à tour, chacun des personnages est celui qui manipule les magiciens et que chacun devient une victime.

Les 4 cavaliers : J. Daniel Atlas (Jesse Eisenberg), Henley (Isla Fisher), Merritt McKinney (Woody Harrelson) et Jack Wilder (Dave Franco)

A la croisée entre Ocean's Eleven de Steven Soderbergh par l'aspect film choral, les cambriolage, la spécialité de chaque personnage et un point vue des malfrats qui leur donne un côté attachant (tout comme c'était le cas pour George Clooney et consort), The Usual Suspects de Bryan Singer car tout l'intérêt du film est de connaitre qui se cache derrière tout cela et qui est/sont la/les personne(s) visée(s) par ce magicien inconnu mais également à Le Prestige de Christopher Nolan pour le mythe créé autour de la magie et le combat à coup de tour époustouflant, Insaisissables n'en est pas pour autant un film fourre-tout. Il se crée un véritable univers, une atmosphère particulière faisant que ces références ne s'aperçoivent qu'après le générique de fin.

Avec une mise en scène somme toute classique, digne d'un bon blockbuster, et un scénario à la fois complexe dans son évolution mais très basique dans certaines scènes clés (la scène d'exposition prenant 2 minutes par magicien pour les introduire et dresser rapidement leur portrait, comme on peut le voir dans la scène d'exposition de Ocean's Eleven ou dans X-Men : Le Commencement de Matthew Vaughn lorsque Magneto et Charles-Xavier cherchent à réunir des mutants) Insaisissables s'impose comme un film à la fois divertissant et intelligent, cherchant à émerveiller avec ses tours de magies (dont les 3/4 sont réellement effectués par les acteurs eux-mêmes) mais aussi à mettre le cerveau du spectateur en ébullition, l'incitant à trouver avant la fin qui est qui.

Pour prouver de ce classicisme, qui montre que Louis Leterrier s'est bien approprié les codes du cinéma hollywoodien (ce qui n'était pas le cas dans le choc des Titans) le réalisateur a recourt à un set-up pay-off qui est le fait d'introduire dans un film un élément qui semble anodin et sans intérêt à ce moment pour le ressortir à la toute fin du film. Ce set-up pay-off fait étrangement penser à celui que l'on retrouve dans The Dark Knight Rises de Christopher Nolan : au milieu du film, Alfred (joué par Michael Caine, probablement ce qui permet de faire ce parallèle) raconte à Bruce Wayne (Christian Bale) qu'il l'imagine à Venise sur une terrasse de café avec sa future femme et à la fin du film on retrouve Alfred à Venise sur une terrasse de café et il aperçoit Bruce Wayne en charmante compagnie. Dans Insaisissables ce set-up pay-off est plus réussi que dans le film précédemment cité. Il apporte une symbolique forte mais aussi une réponse fondamentale qui n'était pas élucidée jusque là.

Si ce film est réussi c'est en grande partie par le fait que les tours effectués sont de vrais tours et non des effets numériques (sauf pour certains cas extrêmes qu'il est facile de démasquer). Alors que tout paraitrait réaliste dans la "vraie vie", il est regrettable de voir intervenir quelques bribes de genre fantastiques dans un  film qui n'en créait uniquement par les tours d'illusionnistes (que ce soit lors de la 1ère rencontre entre les 4 cavaliers dans un appartement miteux qui propose quelque chose relevant du surnaturel ou lors de la résolution du film, lorsque les 4 cavaliers rassemblent leurs cartes (carte qui leur est donner par le magicien inconnu et qui leur procure à chacun un rôle particulier, que ce soit la mort, l'amoureux, l'ermite) qui fusionnent pour n'en devenir qu'une seule. Ces deux scènes, très brèves et espacées, n'empêchent pas de rester scotché au film. 

Louis Leterrier se révèle aussi comme un véritable directeur d'acteur. Tous sont crédibles dans leur rôle et les interprètent à la perfection, que ce soit les stars américaines ou les deux franchies Mélanie Laurent et José Garcia. Il est néanmoins difficile d'en dire plus sur ce film estival très frais tant les twists sont nombreux et tant la moindre révélation peut être fatal à la bonne vision du film.

Alexis D.

Dylan Rhodes (Mark Ruffalo), Alma Dray (Mélanie Laurent) et J. Daniel Atlas (Jesse Eisenberg)

Arthur Tressler (Michael Caine), Henley (Isla Fisher), Jack Wilder (Dave Franco), Jasmine Tressler (Caitriona Balfe) et Merritt McKinney (Woody Harrelson)

 Dylan Rhodes (Mark Ruffalo) et Thaddeus Bradley (Morgan Freeman)

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