jeudi 8 août 2013

American Nightmare - James DeMonaco



Ecrit et réalisé par James DeMonaco
Avec : Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder, Adelaide Kane...
1h26
Sortie : 7 août 2013

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Le cauchemar spectatoriel


Très attendu cet été, notamment grâce à son idée de base, à savoir organiser une nuit où tout est permis afin de se « purger » (extirper ses mauvaises pensées, relâcher toutes sa haine) American Nightmare est une terrible désillusion. Alors que cette idée de purge (martelé dans toutes les publicités) aurait pu donner lieu à un discours philosophique très construit, le film se révèle d’une grande platitude, préférant jouer sur différents genres : le thriller, l’horreur et « sous-genres » (en aucun cas péjoratif ici, employé simplement comme hiérarchisation) tels que l’épouvante et le slasher.

Quand bien même l’idée de voir du contenu avec un fond complexe se dissipe, on pense que les différentes émotions tels que la peur et l’angoisse prendront le dessus et feront passer un moment agréable. Or il n’en est rien, à trop vouloir surfer entre le thriller et les différentes catégories du cinéma d’horreur, American Nightmare finit par ne ressembler qu’à un vulgaire patchwork.

L’exposition du film laisse présager une continuité intéressante. James DeMonaco nous fait tout d’abord dans l’univers du thriller, qui agrémenté du huit clos (puisque la famille Sandin reste cloitrée chez elle afin d’éviter la purge) provoque un réel sentiment d’angoisse, d’étouffement. C’est après cela que le film dégringole. Il y a d’innombrables éléments qui sont soit caricaturaux soit totalement simpliste. Tout d’abord le personnage de Charlie Sandin (le fils de James Sandin joué par Ethan Hawke). James DeMonaco souhaite en faire un personnage difficilement cernable (presque angoissant), à l’instar des enfants que l’on retrouve dans les films de la fin des années 90 (Code Mercury de Harold Becker ou Le Sixième Sens / Signes de M. Night Shyamalan). Ce jeune enfant (sur)doué n’est qu’une vulgaire copie de ces prédécesseurs, donnant envie au spectateur de le voir participer à la purge plutôt que d’être protéger.

Pour rester dans le manque de relief des personnages on peut noter l’absence de subtilité du réalisateur lorsqu’il nous présente les voisins de cette charmante famille typiquement américaine. Il glisse une phrase qui semble montrer que les voisins ont une dent contre eux, ce qui se révèlera exacte par la suite. Ou encore le petit ami de la fille d’Ethan Hawke qui, en ayant marre de se cacher (car en bon puritain, Ethan Hawke préfère voir sa fille réussir sa vie professionnelle et artistique plutôt que de batifoler) décide de tuer le père de son amie. Cet exemple montre réellement que le réalisateur est totalement à côté de son sujet. Pour que l’horreur fonctionne il faut créer des bases qui soient crédibles, tuer un père pour sortir avec sa fille ne l’est pas.

Que les personnages soient mal développés est déjà consternant, que le scénario soit lui aussi mauvais est une aberration. Pour resituer dans le film : la famille Sandin, protégée chez elle par des systèmes de sécurité fabriqués par Mr Sandin, laisse entrer un SDF traqué par une horde de jeunes masqués. Ces derniers ordonnent à la famille de leur livrer cet SDF sous peine de détruire leurs systèmes de sécurité et de tous les tuer. Le SDF s’étant caché dans la maison, la famille Sandin part à sa recherche. Que trouvent de mieux à faire les jeunes pour les aider ? Eteindre les lumières ! Associer ce cliché au fait que la famille elle-même arrive à se perdre dans sa propre maison et vous avez devant vous une scène des plus risibles.

Pour donner le coup de grâce à ce film pitoyable le slasher (ou plutôt le dérivé de ce qu’il en fait) est lui aussi inexistant. Alors que le slasher implique normalement un homme, masqué, massacrant un groupe (comme c’est le cas dans Scream par exemple), James DeMonaco introduit lui plusieurs hommes masqués. On pourrait alors penser qu’il y aura X fois plus de mort, et bien non. A part un personnage que l’on a pu suivre dès l’exposition, les seuls personnes périssant sont du côté des personnages masqués (auquel le spectateur ne s’identifie pas, donc n’éprouve absolument aucun ressenti).

Seul véritable point positif de ce film, la présence d’Ethan Hawke, jouant aussi dans le précédent (le 1er) film de James DeMonaco. Très bon dans son rôle de père de famille vivant le rêve américain, sa prestation ne parvient pas à rehausser le niveau du film. Heureusement, son association avec les réalisateurs Richard Linklater et Andrew Niccol (dans sa période avant Les Âmes Vagabondes)  permet de le voir dans des films à la hauteur de son talent.


Alexis D.


James Sandin (Ethan Hawke), Mary Sandin (Lena Headey) et Charlie Sandin (Max Burkholder)

Le groupe participant à la purge

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