lundi 4 mars 2013

Möbius - Eric Rochant


Ecrit et réalisé par Eric Rochant
Avec : Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth...
1h43
Sortie : 27 février 2013

4/10

-

Jeu dangereux


Alors que le scénario pouvait annoncer un film d’espionnage digne de Les infiltrés de Martin Scorsese, Eric Rochant s’emmêle les pinceaux et réalise un film avec une intrigue très peu séduisante, assez longue. Le dénouement est si étalé dans le temps que cela ne produit aucun effet. Sur le papier prometteur, Möbius en est devenu décevant.

Synopsis : Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d'un puissant homme d'affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d'or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.

Film d’espionnage sur fond d’économie, impossible de ne pas le comparer avec l’un de ses excellents homologues actuels : Margin Call de J. C.Chandor (sorti le 2 mai 2012). Alors que ce dernier parvient à nous captiver malgré des discussions sur la bourse qui nous dépasse, celui d’Eric Rochant nous dépasse et en devient rapidement inintéressant. Le début du film se déroule dans une salle où se trouvent les traders : rien de ce qui est dit n’est compréhensible, ce qui est probablement l’effet voulu, mais l’aspect cinématographique ne comble pas ces discours imbuvables.

Même le casting (Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth pour ne citer qu’eux) ne parvient pas à élever le niveau. Jean Dujardin, qui joue un agent secret russe du FSB (remplaçant du KGB) nommé Grégory Liubov, ne parvient pas à s’extirper de son image de comique. Tim Roth (dans le rôle du milliardaire russe Rostovski) n’est quasiment pas présent et pas mis en valeur lorsqu’il se trouve devant la caméra. Seul Cécile de France, la trader surdouée Alice, s’en sort (à peu près bien). Si les acteurs ne parviennent pas à plaire c’est sans doute à cause de leurs rôles. Dans un monde d’espionnage beaucoup ont une double identité, or on ne distingue pas cette dualité des personnages qui paraissent bien lisse.

Produit par EuropaCorp, on retrouve certains traits communs avec Intersections de David Marconi : des dialogues improbables (notamment de la vulgarité presque à toutes les phrases),des cadrages souvent laids alors que les décors permettraient des plans assez fous.

Il est à noter aussi que sur 1h43 de film, 30 minutes sont accordées aux ébats entre Jean Dujardin et Cécile de France. 30 minutes particulièrement affreuses où l’on se demande ce qu’Alice doit faire paraitre (joie, tristesse ?). Même la musique du film est à la hauteur du film. La 1ère musique est un chant russe (qui ressemble et est traité comme un chant religieux) alors, qu’à part pour le russe, on ne comprend pas très bien ce qu’elle fait ici. De plus, on change de répertoire très fréquemment, ce qui nous donne une bande son hétéroclite mais qui ne s’accorde pas du tout avec la tonalité du film. Pour finir, tout ce que les clés qui nous sont données et qui pourraient être très subtiles sont montrées voir expliquées assez insistance (par exemple le bar dans lequel se rencontrent Liubov et Alice se nomme « Destiny ». Alors que l’on peut s’attendre à ce qui s’avère être une clé, Rochant explique dans le dialogue entre les 2 personnages que vu le nom du bar ils étaient fait pour se rencontrer). Même le moindre petit élément qui peut faire réfléchir le spectateur est raté

Si l’on décide de suivre le film jusqu’au bout c’est en se disant qu’il va finir en feux d’artifice,en un dénouement surprenant qui ne durera pas plus de 5 minutes. Et bien pas du tout. Rochant étire son dénouement pendant plus de 20 minutes qui est aussi ennuyeux que le reste du film. 


Alexis D.


Moïse / Grégory Liubov (Jean Dujardin) et Alice (Cécile de France)

Rostovski (Tim Roth)

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