samedi 23 mars 2013

Le Mur invisible - Julian Roman Pölsler



Ecrit et réalisé par Julian Roman Pölsler
D'après l'oeuvre Die Wand de Marlen Haushofer
Avec : Martina Gedeck
1h48
Sortie : 13 mars 2013

8/10

-

Seule


S'enclenchant par un évènement surnaturel, le film de Pölsler nous invite à observer la condition d'un être humain, ici une femme (dont aucun nom ne lui est attribué), tel un enfant observant un animal à travers un vivarium. Celle-ci est coincée dans une parcelle du monde merveilleuse que Pölsler daigne à montrer.

Synopsis : Une femme se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s'être pétrifiée pendant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers et s'engage dans une aventure humaine bouleversante.

Tragique histoire que celle de cette femme enfermée en forêt à cause d'un mur invisible. Cette histoire a tout de celle d'un Robinson Crusoe au féminin. L'une des réussites du film est de créer un univers clos alors que nous avons à faire  à un paysage qui paraît vaste. De l'autre côté de mur, les êtres humains sont statiques alors que la nature et le temps continuent de faire leurs effets. Personne ne peut donc entrer dans cet espace clos et la femme, elle, n'a aucun moyen d'en sortir. Le son est extrêmement bien ficelé. En effet alors que l'on ne peut pas voir le mur, puisqu'il est invisible, celui ci est traité par le son d'une manière particulière qui permet, si ce n'est de le voir, de le ressentir.

Toute l'idée du film est de montrer comment cette femme va faire pour garder son humanité. Au cours du temps, son côté humain va se dégrader et laisser place à un côté animal. Seule l'écriture lui permet de résister à un pur instinct de survie.

La relation entre l'homme, l'animal et la nature est également très intéressante. Entourée d'un chien, de chats, d'une vache et d'un veau, ses seuls contacts, la femme devient de plus en proche de ceux-ci jusqu'à les considérer comme des humains (notamment le chien). D'ailleurs lorsqu'ils sont menacés, elle laisse toute raison et intelligence de côté pour les sauver. Les plans de natures sont également omniprésents à la manière d'un certain Malick avec cependant moins de poésie.

La narration est très spéciale. La femme nous raconte son histoire, via son journal, en voix off. Très importante, cette voix off par est par contre le gros défaut de Le Mur invisible. Tout d'abord la cause est son incessante utilisation. Cela à pour effet d'empêcher à l'histoire d'avoir des respirations et d'oppresser le spectateur. L'autre cause est le fait que cette voix-off n'est pas toujours nécessaire. Elle est très régulièrement redondante avec ce qui est montré à l'image. Alors que cet effet pourrait être intéressant, sa sur-utilisation en fait un procédé totalement ennuyeux et inutile.

Martina Gedeck porte, seule, le film sur les épaules. Totalement dans son rôle, elle fait ressentir toute la solitude de sa condition, la difficulté de sa survie et aussi les quelques beaux moments de l'histoire.

Le film paraît très réaliste, malgré la présence de mur invisible. Aucune informations le concernant n'est explicité. Le spectateur ne sera jamais comment il est apparu, d'où il provient et d'ailleurs ce n'est pas le sujet du film. La femme ne cherche pas à sortir de cet endroit mais de survivre dans cette merveilleuse prison.

La fin, sans en dévoiler le contenu, se veut à la fois très belle (la femme retrouve une certaine joie de (sur)vivre à ce moment) et aussi malheureuse puisque le spectateur imagine très bien ce qui lui arrivera par la suite.

Alexis D.

La femme (Martina Gedeck)


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